Or la terre était vague et vide, les ténèbres couvraient l’abîme, l’esprit de Dieu planait sur les eaux.
Quand l’horloge cosmique marque une seconde, le cours des événements change. La température est maintenant descendue à environ un milliard de degrés. L’énergie thermique des particules dans la purée initiale devient comparable ou inférieure aux énergies qui lient les nucléons entre eux. En conséquence, il y a de moins en moins de photons assez puissants pour casser les deutérons qui se forment continuellement. Ceux-ci durent de plus en plus longtemps. Leur nombre _augmente. Une nouvelle structure a fait son apparition dans l’univers. Ces deutérons se mettent eux-mêmes à capturer des protons et des neutrons. Des systèmes nucléaires composés de trois et quatre nucléons apparaissent au sein de la purée. Ces nucléons sont les noyaux d’hélium, dont nous gonflons nos ballons. Cette période d’intense activité nucléaire porte le nom de <<nucléosynthèse primordiale>>. Celle-ci n’aura duré au total que quelques minutes. Après ce temps, la température, trop basse, n’active plus les mécanismes nucléaires. L’univers se fige avec son nouveau visage. Il possède maintenant une abondante population de noyaux d’hélium-4 ainsi que des populations beaucoup plus faibles de quelques noyaux légers.
A la naissance de la théorie de l’explosion initiale, on a espéré que la nucléosynthèse primordiale allait rendre compte de l’existence de tous les noyaux. On imaginait que les captures successives de protons et de neutrons avaient donné naissance à des systèmes nucléaires de plus en plus complexes, jusqu’à l’uranium, dans les proportions relatives que nous leur connaissons aujourd’hui. On sait maintenant que ce n’est pas le cas. L’évolution nucléaire s’est arrêtée à l’hélium-4. Pour l’essentiel, rien de plus lourd n’a été engendré. En un certain sens, l’univers a raté sa première expérience de nucléosynthèse. Pourquoi ? Parce que l’hélium est trop stable. Au moment de la distribution des dons de naissance, il a reçu de la fée Nature une capacité de liaison exagérément puissante. Il en a profité pour accaparer pratiquement tous les neutrons disponibles. Il bloque le jeu. À la fin de la nucléosynthèse primordiale, l’univers ne contient que de l’hydrogène et de l’hélium. Il est stérile. Sans noyaux lourds, aucune vie ne peut apparaître. Le temps des combinaisons nucléaires aura duré quelques minutes à peine.
Mais, l’esprit de Dieu planait sur les eaux(l’espace). En d’autres mots, l’univers tend à la complexité.